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Ethan Langrand

Réforme des retraites 2023 : ce que prévoit le gouvernement et ce que proposent les opposants ?

Dernière mise à jour : 15 juin 2023

La réforme des retraites 2023 est un projet de loi du gouvernement qui vise à modifier les règles de départ à la retraite et le financement du système par répartition. Ce projet de loi a suscité de nombreuses oppositions et manifestations depuis sa présentation en janvier 2023.


Quelles sont les principales mesures de cette réforme et quelles sont les alternatives proposées par les syndicats et les partis politiques ?


La réforme globale des retraites

Le projet de loi prévoit de reculer progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans d’ici 2030, à raison de trois mois par génération à partir des assurés nés en 1961.


Parallèlement, la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein sera portée à 43 ans en 2027, dès la génération née en 1965.


Le dispositif de carrières longues sera adapté avec la création de quatre bornes d’âge selon l’âge de début d’activité. Les personnes qui n’auraient pas cotisé suffisamment pourront partir à 67 ans sans décote.


Les victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle pourront partir à 60 ans.


Le gouvernement justifie ces mesures par la nécessité d’assurer l’équilibre financier du système de retraite face au vieillissement de la population et à la baisse du nombre de cotisants. Il affirme également que la réforme garantira l’équité entre les générations et les régimes.


Les futures règles pour les fonctionnaires

Le projet de loi prévoit également de mettre fin aux régimes spéciaux dont bénéficient certains fonctionnaires et salariés des entreprises publiques (SNCF, RATP, EDF, etc.). Ces régimes permettent actuellement de partir plus tôt à la retraite ou de calculer le montant de la pension sur les six derniers mois de salaire au lieu des 25 meilleures années.


Le gouvernement propose de supprimer ces avantages et d’aligner les règles sur celles du secteur privé.


Il prévoit toutefois des mesures transitoires pour accompagner les agents concernés vers le nouveau système. Il s’engage également à maintenir certaines spécificités liées aux métiers pénibles ou dangereux.


Les prévisions des comptes sociaux


Le projet de loi, initié par le biais d’un projet de loi de finances rectificatives de la sécurité sociale (PLFRSS) qui prévoit les recettes et les dépenses du régime de retraite pour l’année 2023.


Selon le gouvernement, le déficit du système devrait se creuser à -18 milliards d’euros en 2023, en raison notamment de la crise sanitaire et économique liée au Covid-19.


Le PLFRSS prévoit donc des mesures d’économies et de recettes supplémentaires pour réduire ce déficit. Parmi ces mesures figurent notamment :


--> une hausse des cotisations sociales patronales et salariales

--> une baisse du plafond du quotient familial

--> une hausse du forfait social sur l’épargne salariale


--> une baisse des pensions de réversion


--> une hausse du taux de CSG pour les retraités aisés.


Ces mesures devraient permettre de ramener le déficit à -12 milliards d’euros en 2023, selon le gouvernement.


Les alternatives proposées par les syndicats et les partis politiques


Depuis le début du débat sur la réforme des retraites, les syndicats et les partis politiques ont exprimé leur opposition au projet du gouvernement et ont avancé des propositions alternatives.


Parmi ces propositions figurent notamment :


--> le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans et du calcul des pensions sur les 25 meilleures années


--> la prise en compte de la pénibilité du travail et des carrières hachées


--> la revalorisation des salaires et des pensions


--> la suppression des exonérations de cotisations sociales accordées aux entreprises


--> la création d’une contribution sociale sur les revenus financiers des entreprises et des

ménages


--> la lutte contre l’évasion et la fraude fiscales


--> la création d’un fonds de solidarité intergénérationnelle alimenté par une taxe sur les transactions financières et les revenus du capital.


Ces propositions visent à augmenter les recettes du système de retraite et à réduire les inégalités entre les salariés. Elles sont soutenues par la CGT, FO, Solidaires, la FSU et les partis de gauche (LFI, PCF, PS, EELV).

Le débat parlementaire sur le projet de loi de réforme des retraites devrait débuter le 4 avril 2023 à l’Assemblée nationale.


Le gouvernement espère une adoption définitive du texte avant l’été. Les syndicats appellent à poursuivre la mobilisation et à organiser une nouvelle journée de grève interprofessionnelle le 6 avril 2023.


Mais le texte n’est pas encore définitif, car il doit encore passer l’épreuve du Conseil constitutionnel, saisi par plusieurs acteurs.


Le Conseil constitutionnel est la plus haute juridiction française, chargée de vérifier la conformité des lois à la Constitution.


Il dispose d’un mois pour rendre sa décision, qui sera publiée le 14 avril 2023.


Il peut soit valider la loi dans son intégralité, soit la censurer partiellement ou totalement, soit demander des modifications.


Trois types de recours ont été déposés auprès du Conseil constitutionnel :


--> Un recours du gouvernement, par la voix de la Première ministre Élisabeth Borne, qui souhaite que le Conseil constitutionnel examine tous les points soulevés par les oppositions au cours des débats et confirme la solidité juridique de la réforme.


--> Un recours de la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale), union de la Gauche qui a présenté une proposition de loi référendaire visant à affirmer que l’âge légal de départ à la retraite ne peut être fixé au-delà de 62 ans. Ce recours vise à contester la recevabilité de la réforme des retraites au regard de l’article 11 de la Constitution, qui permet au peuple de se prononcer par référendum sur une proposition de loi.


--> Un recours du Rassemblement national (RN), qui conteste la constitutionnalité de la réforme des retraites sur plusieurs points, notamment le recours à une loi de financement rectificative de la sécurité sociale (PLFRSS) pour faire passer le texte en urgence, le manque d’étude d’impact, le non-respect du principe d’égalité et le caractère confiscatoire de certaines dispositions.


Le Conseil constitutionnel devra donc trancher ces différents arguments et vérifier si la réforme des retraites respecte les principes fondamentaux de la Constitution.


Il est peu probable qu’il censure l’ensemble du texte, mais il pourrait en modifier certains aspects ou renvoyer certaines questions au législateur. Quoi qu’il en soit, sa décision sera cruciale pour l’avenir du système de retraite français.


La réforme des retraites 2023 est un projet ambitieux et controversé qui vise à adapter le système de retraite français aux évolutions démographiques et économiques.


Le gouvernement défend l’idée d’un recul de l’âge de départ à la retraite et d’un allongement de la durée de cotisation pour assurer l’équilibre financier du système et l’équité entre les régimes.


Les syndicats et les partis politiques opposés au projet proposent des alternatives basées sur le maintien de l’âge légal à 62 ans et sur la recherche de nouvelles sources de financement.


Le débat parlementaire s’annonce tendu et le mouvement social se poursuit. La réforme des retraites 2023 sera-t-elle adoptée ?


Quels seront ses effets sur les pensions et le pouvoir d’achat des retraités ?


Quelles seront les conséquences sociales et politiques de ce conflit ?


Autant de questions qui restent en suspens et qui animent le débat public.

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